Les origines des Galoas

Mbolwani 

« Je me permets de répondre à certaines de vos remarques, relatives au poste que j’ai envoyé il y a quelques jours sur l’appellation actuelle du lac ONANGUE et dans lequel je mentionnais le fait que les Galoas sont passés par chez les Eshiras pour déboucher sur NTCHONGA MPOLO, devenue Lac Onangué. »

Dorothée Flavienne Oliveira Aretho

L’histoire des Gwémyènè m’a été enseignée depuis ma plus tendre enfance, j’ai enregistré certains pans de notre histoire commune et j’ai noté par écrit d’autres. 

Je sais que les Galoas actuels s’appelaient Edongo, qu’ils avaient pour frère de même père et de même mère les Ombèkè, qui deviendront plus tard, les Orungu, que leur père (je parle de père au lieu de mère, car tous les Gwémyènè  a l’origine étaient patrilinéaire, s’appelait Mombè. Quand, pourquoi et à quel occasion ils ont changé de nom, où ils se sont séparés et pourquoi. 

Que la grand-mère commune au groupe qui compose notre ethnie s’appelait Gwémyènè et que leur grand-père commun s’appelait EYOGHO. Que les 4 autres composantes de notre ethnie sont cousins germains (comme disent les Européens). Que nous sommes tous parents.

Si j’ai mentionné le nom Galoa pour parler des Edongo c’est seulement qu’à l’époque où les missionnaires interrogent les natifs des lacs et d’autres lieux du Moyen-Ogooué, les Edongo sont devenus Galoa, leurs descendants n’utilisent plus le vocable Edongo, ils parlent de Galoa.

Il se trouve que nous nous sommes tous retrouvés dans la région des grands lacs entre la Tanzanie et l’Ouganda où du reste existent encore de nos jours des gens qui parlent la même langue que nous à quelques nuances près. Nous avons les Kissi de la Tanzanie, que l’on retrouve aussi au Kénya.

« Je me rappelle d’un témoignage fait par le défunt professeur Ange François Xavier Ratanga Atoz à radio Gabon  qui relatait un de ses voyages où partant en mission pour le Kénya en compagnie d’un ou de deux collègues, l’avion qui les amenaient vers le Kénya à fait escale en Tanzanie, et le steward de les appeler pour venir admirer la neige sur le Mont kilmandjaro. Lorsque le professeur demanda en langue omyènè à son collègue de le suivre vers là où le steward leur demandait de le suivre, le steeward, leur demanda: « you are Kissi ? », face à leur réponse négative, le steeward ne les cru point. Ils leurs fallu montrer leurs passeports pour que ce dernier accepte qu’ils n’étaient pas Kissi. Le steeward leur répondit que s’ils pouvaient descendre à l’escale de Tanzanie on les aurait conduit vers les gens qui parlent la même langue qu’eux et qu’ils s’appellent Kissi. »

Le professeur Ange François Xavier Ratanga Atoz poursuivra lors de la même émission radiophonique qu’arrivés au Kénya, à  l’hôtel, au restaurant on leur présenta le menu. Que lorsqu’il le parcouru il tiqua : sur le menu était mentionné (nyare  pikopa). Il s’adressa au serveur et lui demanda de lui traduire cela, le serveur lui répondit qu’il s’agissait de viande grillée. 

Le professeur Ange François Xavier Ratanga Atoz lui demanda dans quelle langue, le serveur lui répondit en Kissi et lui indiqua où se trouvait leur lieu d’habitation, le serveur lui répondu vers la région des grands lacs.

Quelques heures plus tard se trouvant à la terrasse de l’hôtel, le professeur fût interpellé par les pleurs d’une femme qui se lamentait en criant: mwani wami adyuwi. Elle répétait inlassablement ces mots. Touché le professeur Ange François Xavier Ratanga Atoz appela rapidement le serveur et lui demanda que dit elle? Le serveur lui répondit, elle dit que son enfant est mort.

Ça c’est assez récent.

Mais nos grands parents nous racontaient que leurs parents et leurs grands-parents avant eux, leur racontaient qu’ils revenaient d’un endroit où il y avaient un grand fleuve bordés de grandes falaises là ou l’eau venait frapper et mourir. Et que Tanganyika était le nom donné à ce lac ou fleuve eu égard au roulis des vagues et à la frappe de celles-ci sur la falaise. Ils faisaient la comparaison avec la correction que l’on donne à quelqu’un en le frappant:

  • gnika ye mbiambe qui donne en français frappe le bien
  • ou encore gnika ye oziwo wa mbiambe qui donne en français donne lui une bonne raclée
  • bref.

Selon l’histoire que moi je connais, les six composantes de l’ethnie Gwémyènè ont émigré en plusieurs vagues.

Il y aurait eu en premier, leur cousin, les Azuwa qui aurait émigré les premiers et qui sont arrivés dans l’estuaire du GABON.

Les Edongo, les Ombèkè et les Nkomis ont émigré ensembles, selon les récits.

Pourquoi ont ils émigré ? Selon certains récits, ils fuyaient les homme-cheval, qu’ils appelaient SIMPONDO.

D’après les récits des anciens recueillis par les premiers missionnaires, les Edongo, les Ombèkè et les Nkomis auraient fondé leur premier village, après leur fuite, dans un lieu où il y avaient beaucoup de parasoliers. A ce premier village il aurait donné le nom de INKOMBOGOMBO. Et leur chef s’appelait ODI. Il y aurait eu des chansons commémoratives de cela les anciens chantaient Inkombomgombo s’odi

Craignant leur poursuivant ils ne resteront pas longtemps dans ce premier village, ils vont décider de partir et pour éviter que leur poursuivant ne les rattrapent, ils vont avoir recours au fétiche mbounda, à savoir la marmotte qui boit sans feu. Il paraît que cette marmite créait un brouillard artificiel qui empêchait les poursuivants de les voir.

C’est grâce au mbounda qu’ils réussiront à semer leur poursuivants et ils vont arriver à  Igawagué (dans la forêt). 

Ils continuent à avancer et vont arriver dans un lieu où ils rencontrèrent les BAMBAMBA, contre qui ils se battent. Ils ont gain de cause. Ce lieu, ils lui donneront le nom d’Okondja, du nom d’un arbre qu’ils trouvèrent sur place et qu’ils connaissaient.

Une petite anecdote pour vérifier que les Gwémyènè ont côtoyé les  Obamba. Essayez d’écouter attentivement leur parler, vous serez surpris. Par exemple, ils disent « Pa miè  épèlè » pour dire donne moi l’assiette.

Ils continuent toujours leur avancée et vont arriver à Mbendo, d’où ils se séparent des Nkomis (Etimbwe). Ils progressent encore et arrivent à Mbague, puis à Tomba (c’est le premier Tomba), pas loin du village Eshira.

A Tomba, ils ont un nouveau chef, Onangué, il commandait aussi bien les Edongo que les Ombeke

Voulant quitter le territoire des enfants de Nangui, ils rencontrent un refus de la part des eshira qui leur demande un sacrifice journalier de 30 femmes enceintes durant plusieurs jours.

Les Edongo pendant 2 jours auraient sacrifié des femmes les Ombeke se seraient enfuits. 

Après mûres réflexions, les Edongo décidèrent de recourir une fois encore à leur mbounda.

A la faveur du brouillard artificiel, ils forcèrent un passage et emmenèrent avec eux 5000 femmes Eshira, qui par la suite deviendraient Edongo. En effet, les Edongo avaient une pratique, celle de « go djinguigno gu’efula : qui constituait par des rites magiques, à « couper les pieds » à ces femmes venues d’ailleurs. Il ne s’agissait pas de leur couper les pieds au sens littéraire du terme, go ten’agolo, on faisait en sorte qu’elle ne pense pas à retourner d’où elle venait, on lui faisait oublier d’où elle était venue, on lui donnait un nom et un clan, et interdiction était faite aux membres du clan de parler de cela ni auprès des enfants, ni auprès des étrangers au clan.

Après Boule, les Edongo arrivent à NTCHONGA MPOLO qui deviendra le Lac Onangué dont je vous ai parlé il y a quelques jours.

Je n’ai rien inventé de ce que je relate ici. Je fais beaucoup de recherche et je tombe souvent sur des narrations relatives à notre histoire commune et j’essaie de le partager avec le plus grand nombre, pour que beaucoup puissent s’approprier soit leur histoire, qu’ils puissent enrichir leur connaissance.

J’espère ne pas avoir été trop longue. Merci pour ceux qui prendront la peine de lire ces quelques mots.

Ce groupe doit être un lieu d’échanges là où les idées se choquent et s’entrechoquent pour notre épanouissement culturel et personnel.

Lire le texte originale : Les origines des Galwa

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